Dans la confusion ambiante qui règne autour de la compréhension des termes « tantrisme » ou « Tantra », certains pourraient croire que le Kama Sutra de Vâtsâyana ( Les aphorismes du désir), sous prétexte qu’il vient d’Inde, qu’il a été rédigé en sanskrit et qu’il évoque la sexualité, serait un texte tantrique. Il n’en est absolument rien. Le Kama Sutra (Kama, Dieu de l’amour, représentant le désir, sutra pour aphorismes, versets) est un livre de recettes, tout simplement.
C’est un ouvrage technique sur la pratique des plaisirs amoureux. Il évoque les diverses positions que peuvent adopter les amants, ainsi que comment se préparer à l’acte d’amour sur le plan de l’éveil des sens : parfums, musique, danse etc … Cette littérature osée, voire libertine, certes relativement florissante en Inde, n’a absolument rien à voir avec les tantras et autres Agamas (textes d’inspiration tantrique). Elle a pour vocation le divertissement.
La littérature tantrique traditionnelle indienne, quant à elle, si elle peut quelquefois présenter des rites sexuels (sommes toutes assez rarement), a pour objet principal d’accompagner son lecteur vers un épanouissement spirituel, une libération de sa conscience. Le rite sexuel, bien qu’important et évidemment interpellant par tous les tabous qu’il vient bousculer, est une des nombreuses voies d’accès à cette libération proposées par les Tantras (traités tantriques). Le Tantra n’est pas la sexualité, il embrasse simplement la vie par toutes ses facettes, sans lutte ni restriction, car il est une voie au delà de toute dualité.